PASSION DE L'ANCIEN
Depuis toujours j'ai aimé jouer avec les mots et lire les écrits de nos ancêtres.
A mon tour j'ai pris la plume. Vous trouverez ici un recueil de quelques unes de mes poésies.
L'OLIVIER
Olivier mon ami nous sommes partenaires
Car j'aime te choyer et tu me le rends bien
Années après années se sont tissés nos liens,
Tu es pour moi bien plus qu'un arbre ordinaire
Les religions te louent et les hommes t'encensent
Depuis la nuit des temps, de ton aspect divin,
Toi roi des végétaux méditerranéens
Tu nous fais don de ta sublime quintessencee.
Parti de l'Orient tu nous vins par le Grèce,
Ton nom est devenu pour tous universel,
Celui d'un élixir doux et nutritionnel
Qui assaisonne et oint, lubrifie et caresse.
Quand Xerxès sacrilège embrasant l'Acropole
Fit brûler l'olivier de la grande Athéna,
La déesse superbe en fait l'extermina
Et la profanation en inversa les rôles.
Ainsi le lendemain, des cendres de la souche
Avait surgi slendide un imposant rejet
Remplaçant sur le champ le sacro-saint sujet.
Le roi anéanti fut figé sur sa couche.
Depuis par crainte de la vengeance céleste
Les armées respectaient toujours les oliviers,
Seuls les vainqueurs pouvaient des pousses en cisailler
Et s'en ceindre le front pour l'honneur manifeste.
Moi j'ai le front marqué par ses rudes caresses
M'insufflant peu à peu son opiniâtreté,
Sachant qu'avant douceur se trouve l'âpreté
Et que sans renoncer émerge la sagesse.
Mon bel arbre de paix, si tous les hommes t'aiment
Pourraient-ils donc un jour enfin s'entendre entre eux
En s'offrant des rameaux d'un accord radieux
Où s'échangeant sur toi de merveilleux poèmes ?
Olivier séducteur tu fédères les hommes
Et des Nations Unies tu ornes le drapeau
Tu peux sous ses couleurs affilier le troupeau
Afin que la paix règne entre tous les royaumes.
François KNIPPING - 2010
LA RUINE MOURRIERE
J’avais sur mes terrains une mauvaise ruine,
La ronce et le sumac en étaient les gardiens,
Les lapins s’y faisaient pourchasser par les chiens,
Elle était lamentable au bas de ma colline
Enfants nous y allions faire tomber les pierres,
Du haut du mamelon on envoyait des blocs
Sur les murs lézardés vacillant sous les chocs
Et enfin s’abattant dans un bruit de tonnerre.
Stupide était le jeu mais réveillée de force,
La ruine prenait vie parmi les cris d’enfants
les pierres résonnaient des rires triomphants
Des jeunes destructeurs fiers et bombant le torse.
J’imaginais souvent cette belle bastide
Orientée plein sud, entourée d’échaliers
Descendant doucement par degrés réguliers
Vers le fond du vallon qui était plus humide.
Là se trouve le puits, début de l’aventure.
Une fois l’eau trouvée la maison fut bâtie,
Ici l’habitation avec un appentis,
A coté l’écurie sous la même toiture.
Des carreaux vernissés s’aperçoivent encore
Qui couvraient les parois de deux cuves à vin
Ou se bonifiait le breuvage divin
Du travailleur zélé levé tôt dés l’aurore.
J’avais pensé un jour pouvoir la reconstruire
Mais le maire d’alors m’ayant tout refusé,
Que faire d’un clapier ? Ainsi, désabusé,
J’en fus alors réduit à devoir tout détruire !
Il n’y avait plus de vie à la ferme Mourrière,
La toiture enlevée pour être sans impôt,
Ses pierres serviraient à barrer mes coteaux,
Pour monter mes murets j’en fis une carrière.
En déblayant je vis un dôme en brique rouge,
Du noble four à pain c’était le vieux berceau
Et bien indécemment j’en défis les morceaux.
Ce fut l’âme du lieu, il en devint un bouge.
Le travail avançant les fondations parurent
Et les anciens carreaux furent vite enlevés.
Au dessous des gravats tout à coup je trouvais
D’insolites fragments d’une belle texture.
Ces morceaux étaient bien ceux de tuiles romaines !
La ruine me faisait remonter dans le temps
Et fouiller ces tessons était très excitant.
Je n’étais qu’un maillon de l’aventure humaine.
Des gens ont vécu là m’ont témoigné ces tuiles.
Sur cet emplacement on a parlé latin,
Il y a longtemps dit-on ? Ce n’est pas si lointain
Pensais-je en ramassant un bout de lampe à huile.
De nos prédécesseurs une ruine est la trace,
Où nous vivons ce jour ils vécurent aussi
Et d’autres nous suivrons avec d’autres soucis
Mais je souhaite surtout qu’ils gardent mes terrasses.
François Knipping 17 mars 2012-
MAIN -TENANT
Toi qui me pris la main et moi ta main prenant
D’un amour déclaré au temps de nos vingt ans
Notre union bien ancrée a cinquante ans. l’on s’aime
Depuis le premier jour mon cœur t’appartenant.
Or bien qu’ayant muri ton sourire est le même,
C’est l’amour d’une vie qui dure sans barème
De nos vingt ans à maintenant.
Nous avons travaillé tous deux nous soutenant,
Adjudant d’ordinaire ou tantôt lieutenant
Tu fus tout à la fois épouse et mère aimante
Toi qui me tins la main et moi ta main tenant.
A l’ouvrage surtout tu te montras vaillante.
Notre vie en tandem est toujours passionnante
Tous deux nous maintenant.
Nous avons ralenti la retraite sonnant,
Moi remontant les murs , toi les entretenant
Sans nous perdre de vue, tout prés dans la campagne
Comme on a toujours fait jadis et maintenant
Car tu es pour toujours ma fidèle compagne,
Que l’on soit à la mer ou en pleine montagne,
Toi me tenant la main et moi ta main tenant.
24 juin 2012 François Knipping
A Jacquie pour ses 67 ans.
PARALLÈLES
Que j’élabore un mur ou façonne des vers
J’aime m’y mettre à fond, le travail est le même.
Il faut des vers d’aplomb et des murs sans dévers
J’apprécie les beaux murs, j’adore les poèmes.
Je construis murs et vers sans aucune ironie.
Les pierres et les mots dans chaque rang s’imbriquent.
Les lignes enchaînées forment une harmonie.
On fait du bon travail lorsqu’on est méthodique.
Mes pierres sont triées sans aucun parti pris
Et les mots que j’inscris paraissent familiers.
Un mur solide et beau doit rassurer l’esprit,
Un poème élégant ne peut être oublié.
Soutenues par mes murs les terrasses s’étendent
Donnant par l’olivier l’huile d’or de mon cru.
Las des pierres, le soir, mes doigts qui se détendent
Essaient de gribouiller de menus vers écrus.
Le vers succède au bloc mais tous deux se convient,
L’escalier donne au mur un semblant d’acrostiche
Là le chaînage en bout à la rime survit
Et la lause de chant ponctue les hémistiches.
Pour achever mon mur je l’orne d’un fronton,
C’est son couronnement et c’est ma signature
Et sur un coté plat, pour fixer l’édition:
Date en chiffres romains, initiale en sculpture.
Perdu dans mes pensées, vers et pierres se mêlent
La pierre est bien calée et le vers bien écrit.
Ma passion pour tous deux est forte et bien réelle,
Mes vers sont des parpaings, mes murs des manuscrits.
F. KNIPPING
LE PIÈGES A FOUINES
Des terres se gagnaient sur le haut des collines
Du temps des mes aïeux lorsqu'ils étaient enfants
Comme ultime degrés des escaliers géants
Qui s'élevaient partout sur les pentes voisines.
Un clapier trônait là sur le proche sommet.
Il fut donc décidé d'en employer les pierres
Pour murer les replats des terres câprières.
La besogne y serait utile à tout jamais.
Le travail avançait, ce fut une entreprise
Le tas pierreux croulant devint un mur nouveau
Les pierres agencées et tirées au cordeau
Mais au cœur du clapier était une surprise.
C'était un vieux jarron rempli de saleté
Avec un col étroit comme les pots de fraises
A quoi pouvait servir cette laide fadaise ?
Ce vieux pot oublié est une absurdité !
La meilleure hypothèse était le piège à fouine !
Lorsque la fouine chasse et poursuit le lapin
Celui-ci part tout droit et s'encourt à grand train
Pour se réfugier dans le gros tas de ruines,
Arrivé à son centre il en saute le pot,
La fouine qui le suit ne connaît pas la place
Et y tombe dedans coincée en calebasse.
Toute autre explication ne serait que pipeau !
En me documentant j'en ai trouver une autre :
Des générations ont vécues en ce lieux
Devenu sanctuaire auguste et rocailleux
De civilisation éloignée de la notre.
Ici plus de mille ans avant l'ère actuelle
Des hommes ont travaillé et le cuivre et l'étain
Pour en faire du bronze, métal du temps lointain
Donnant avec l'outil la récolte annuelle
Sachant forger le soc, le bijou et l'épée
Le forgeron était un homme respectable
Et le clapier était sa stèle inoubliable
D'une ère révolue de la ruine échappée.
Le piège à fouine était son urne funéraire.
Clapier ou tumulus, le temps efface tout
Des civilisations rien ne reste debout
Les plus beaux monuments ne sont que temporaires
Et les plus fiers tombeaux tomberont dans l'oubli
Car toujours à la vie c'est la mort qui succède
Toujours la belle action, le bel esprit décède
Et tout change ici-bas car rien n'est établi.
Nous laissons malgré tout sur terre notre trace
Le savoir, la grandeur, la technique ou l'amour
A tous nos successeurs profiterons toujours
Du forgeron l'objet, du constructeur l'audace.
François KNIPPING - 2012
NOTRE TERRE BLEUE
Dans le néant profond, le monde fabuleux,
Dans l’immense univers où louvoie notre terre
Comme un infime esquif errant et solitaire,
Dans l’abîme infini, l’objet miraculeux
C’est notre arche de vie, c’est notre terre bleue !
Dans le néant profond nous ne pourrions survivre
Et la terre sans nous tournerait aussi bien
Car la nature au fond de nous n’a pas besoin,
Et nous sommes alors bien obligé de suivre
Les évidentes lois que Nature nous livre.
C’est notre terre bleue mais nous la malmenons !
Il faut la respecter, nous avons besoin d’elle !
Nous sommes de sa chair, notre union est charnelle.
Grace à ses éléments nous allons et venons,
C’est en la protégeant que nous nous élevons.
Dans le néant profond sommes-nous un miracle ?
Ou un échantillon d’organes assemblés
Destinés à poursuivre une course endiablée
Donnant du monde entier un infâme spectacle,
Exécrable vision de masses sans obstacles!
De notre terre bleue à l'infini des cieux
L'humain et la nature en une apothéose
Doivent coopérer, l'obligation s'impose,
L'esprit doit l'emporter, objectif délicieux
Pour vivre tous heureux sur notre terre bleue.
FK.15/01/2016
A QUOI SERT L'ARBRE?
A quoi donc sert la fleur superbe et odorante
Qui attire l’abeille à l’ardeur édifiante
Par son parfum et sa couleur ?
A quoi sert le nectar dont elle se délecte
Et que fébrilement sans cesse elle collecte
Avec les insectes pilleurs ?
A quoi sert le pollen dont le bourdon se couvre
Toujours en s’affairant, guettant la fleur qui s’ouvre
Comme tout bon ravitailleur ?
De la fécondation l’artisan est l’insecte !
L’action du végétal peut paraître suspecte
Piégeant l’insecte à son profit
Et la règle à mon sens est subtile et flagrante
Quand la fleur se commute en femelle attirante
Ruse de la polymorphie !
Que dire alors de la propagation des graines !
Pour sa reproduction la plante est souveraine
En produisant noyaux et fruits.
L’écureuil ou le geai font provisions de glands
Et pour bêtes et gens les fruits sont attrayants
Mais quel est donc le but ultime ?
Dans la cache oubliée le gland pourra germer,
Un noyau négligé quelque part va pousser,
La plante est l’ingénue sublime !
La plante sans cerveau a fait des animaux
Et de nous qui suivons, nous les derniers rameaux
Des innocents pusillanimes !
Plantes et animaux, plus vieux que nous sur terre
Ont cheminé chacun en étant tributaires,
Le végétal menant le jeux !
Il ne réfléchi pas, serein et immobile
Mais a développé ce stratagème habile
Pour lui toujours avantageux !
L’arbre incarne le temps, nous marchons dans l’espace,
Nous usons mots et voix mais l’arbre nous dépasse…
Sa descendance en est l’enjeux !
FK.02/02/2015
Le soir du 31/12/1999 j'avais écrit une première poésie sur Garlaban en cette veille du 2ème millénaire.
GARLABAN 2000
C'est maintenant le dernier soir des siècles mille,
Garlaban noir se détachant sous le ciel clair,
Le crépuscule est calme et seul flotte dans l'air,
Un étrange tempo qui monte de la ville.
Du moins si ce n'est pas le juste millénaire,
Le soleil se couchant s'en va chercher demain,
Un lendemain tout neuf fêté avec entrain
Et qui nous donne à tous plein d'espoir planétaire.
Pour Garlaban depuis toujours tour de pierraille
Les siècles sont des jours et jeune montagnard
Il fut garde, vigie épiant le pillard
Qui investit la plaine,engageant la bataille.
Quand César s'installa pour assiéger Marseille,
Les Aubagnais d'alors habitant les hauteurs
Et leurs voisins d'Allauch combattants plein d'ardeurs
Firent contre l'intrus des luttes sans pareille.
La yeuse et le mourven la haut ont pris racines
Comme de vieux bonsaï dans sa haute paroi
Et il est devenu piédestal de la croix
Qui élève nos âmes au dessus des rapines.
Lorsque s'effaceront le rêve et la cadence
Demain quand le soleil rosira son donjon,
Sans bug que nous puissions faire son ascension
Et profiter au moins mille ans de sa présence.
FK 31/12/1999
Aujourd'hui, en 2018, Garlaban m'inspire encore...
Chef-d’œuvre d'un titan qui l'aurait ciselé,
Cet imposant donjon, rêve de citadelle
Attira le regard de l'errant esseulé
Songeant aux tours de guet dont il est le modèle.
Absent pour quelques temps, au retour d'un voyage,
Je revois Garlaban toujours avec émoi,
A ses pieds j'ai vécu depuis mon plus jeune âge,
Je ne peux vivre ailleurs étant si bien chez moi.
À la guerre, à la paix, il demeure impassible,
Que l'on soit triste ou gai siégeant toujours égal.
À tous nos sentiments, la nature inaudible
Est comme un compagnon ponctuel et frugal.
Je le vois néanmoins au matin dés l'aurore
Lorsque insensiblement son front devient plus clair,
Le soleil qui l'atteint de rose le colore,
Alors, resplendissant, il n'a plus le même air.
Quand mutin un nimbus le coiffe d'un chapeau,
Quand le ciel s’assombrit et que couve l'orage,
Les oiseaux se taisant, croasse le crapaud,
Il faut chercher l'abris, vite plier baguage.
La foudre furieuse alors frappe la croix
Et le bruit du tonnerre emplissant la contrée
Fait trembler la montagne, et quand l'écho décroît,
De la peur primitive on reste pénétré.
Je l'ai vu reverdir sur son sol misérable,
Je l'ai vu sous la neige et souvent sous le feu,
Mais Garlaban sera toujours inimitable,
Il faut le protéger, pour moi noble est l'enjeu.
FK 10/03/2018
Tu es parti Vincent, tu nous laisses sans voix
Depuis le long cortège en ta maison dernière
Précédé de chevaux à la blanche crinière
Tout tes amis en pleur derrière ton convoi.
Tu n'es plus là Vincent, le silence est funèbre
Aux Aubes tout est mort, ta terre est au repos
Et où l'on t'entendait jadis à tout propos
Lorsque je vais là-bas ma tête s'enténèbre.
Comme deux farfadets, tes chevaux adorés
Sont des lambeaux d'ardeur, tout le reste est inerte,
Tes terrains endormis et ta serre déserte,
Tous souvenirs d'entrain ce sont évaporés.
Tes filles perdues par ton départ rapide
Doucement, pas à pas trouvent leurs grands parents,
Nous essayons toujours d'être bien cohérents,
Elles tirent de toi leur conduite intrépide.
Depuis ce jour affreux où, suivant ton cercueil,
Marchions péniblement nous deux, tes père et mère,
Chaque saison qui passe a la saveur amère
De vieillesse soudaine et c'est là qu'est le deuil.
FK 16/10/2018
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